Tribune parue dans le Grigny Mag de mai 2021
Lorsque nous nous replongeons dans nos souvenirs d’enfance, la nature et la forêt font souvent partie des meilleurs : promenades en famille ou entre amis, courses, jeux, cache-cache, cabanes, rencontres avec des animaux plus ou moins effrayants et plus ou moins beaux.
Plus tard les souvenirs de promenades plus romantiques ou bien des rêveries solitaires font que nous avons toujours un lien émotionnel fort avec la nature. Cela nous construit en tant qu’être humain face à la nature, car rares aujourd’hui sont les lieux qui nous rappellent notre « nature ».
À Grigny, sur les bords du Rhône, la forêt rencontre le fleuve pour encore plus de sensations et d’activités : jeux avec les galets, observation des poissons et des oiseaux d’eau, pêche, sans parler de la barque ou de la joute ! Notre ville s’est construite avec le fleuve et ses rives, nous aussi.
Que proposons-nous aujourd’hui à nos enfants en bord du Rhône ? Des toboggans, araignée à grimper, tourniquets et autres jeux de parc urbain. La municipalité actuelle, qui parfois ose dire qu’elle a « créé » le Parc du Rhône a surtout transformé une zone naturelle en parc de centre-ville. Le lien privilégié avec la nature disparaît face à une « offre » digne d’un centre commercial où l’on retrouvera les même jeux, avec en prime un paysage défiguré, dénaturé.
Était-ce nécessaire ? Est-ce participer à la protection de la nature ou à sa destruction ?
Et que dire du choix d’installer ces équipements en zone inondable ou leur durée de vie n’en sera que plus courte ? Faut-il transformer l’enfant dès son plus jeune âge en « consommateur » avec une « offre » de jeux ? Où est la place pour l’enfant à l’exploration, au rêve, à la découverte qu’un lieu comme celui-ce offre de lui-même ? Autant de questions que nous aurions aimer pouvoir poser avant qu’il ne soit trop tard, mais ici encore, ni dialogue, ni concertation.